Audiovisuel & Ecritures

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Après la fête.

Après la fête.

En ces temps de fêtes, chaque famille se devait de le convier dans sa demeure. Il était indispensable pour passer de bonnes fêtes. Alors, il arrivait dans le foyer pour le bonheur des plus petits et la nostalgie des plus grands. Une fois dans la maisonnée, il oubliait sa nature sauvage, car il était choyé, maquillé, bichonné, le centre de toutes les attentions, l’axe de la fête. Il rayonnait, devant tant de chaleur dispensée. Ainsi paré, il faisait la fierté de ses hôtes et ne pouvait s’empêcher d’être ému. Sa tâche était importante, il allait jouer, avec simplicité, le rôle qui chaque année lui était attribué.

Rires, émotions, chants, joies simples l’entourèrent, c’était là son premier cadeau. Il oubliait ainsi sa dure vie et ses ingrats parents afin de partager, le temps d’une liesse familiale, ces bonheurs éphémères. Le lendemain, à nouveau, pour la joie des plus petits, il était au centre des réjouissances prodiguées. Pour immortaliser l’événement, tous les enfants, autour de lui, se retrouvaient sous les feux des flashes des caméras des parents attentionnés. Un tel bonheur se devait de laisser une trace, un souvenir si ce n’était dans les mémoires, cela se faisait sur le papier ou la vidéo.


Le temps de la fête passé, les êtres humains étant ce qu’ils sont, leur nature première revint à la surface. Leur ingratitude coutumière et leur hypocrisie reprirent le dessus sur leurs bons sentiments. Alors, oubliés la fête, les attentions, les honneurs, puisque l’invité était relégué dans un recoin de la maison. Innocent, naïf, il ne comprenait pas qu’après tant de soins il eut droit en retour à l’indifférence la plus déstabilisante.

Mais ses malheurs ne s’arrêtèrent pas là. Deux jours plus tard, il eut droit à la cave ou au garage. Son nouveau logis, aussi froid que sa demeure habituelle, était inhumain, il ne le souhaitait à personne. Ses hôtes poussèrent l’humiliation jusqu’à ligoter ses membres pour qu’il prenne le moins de place dans sa geôle dégradante. Progressivement, il allait mourir pour la deuxième fois.

Les hommes, comme d’habitude aussi lâches, ne voulant pas s’encombrer d’un poids mort, allaient exécuter leur dernière bassesse. Certains, pris de remords, le recouvrirent d’un linceul, alors que d’autres se contentèrent de le transporter tel quel.

En ces lendemains de fêtes, vous pouvez tous être les témoins de nos actes vils et ingrats, puisque les corps jonchent, dans l’indifférence générale, les rues, les impasses, les carrefours et les recoins les plus désertiques des campagnes. Parfois encore ornés d’éléments d’une fête éphémère, ils sont laissés à l’abandon, souffrant du froid, mais surtout de l’insensibilité humaine. Chaque année, il faut le constater, d’autres victimes tombent rituellement dans le piège, car il est notoire que les sapins de noël n’ont pas de mémoire.

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08/12/2014
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