Audiovisuel & Ecritures

Audiovisuel & Ecritures

extrait "Mésaventures télévisuelles".

(assistant-réalisateur)

Le danger à tous les coins de cet espace télévisuel.

 

Longtemps la rue Cognacq Jay et notamment le 13-15 rue Cognacq-Jay a accueilli le centre névralgique de la télévision française. Encore aujourd’hui, il offre son bâtiment à quelques chaînes de télévision aux faibles moyens qui sont comprises dans quelques bouquets télévisuels. Ce bâtiment a successivement hébergé les studios de Fernsehsender Paris (1942-1944), la RDF Télévision française (1944-1949), la RTF Télévision (1949-1964), la Première chaîne de l'ORTF (1964-1975), TF1 (1975-1992).

 

Cet immeuble a la particularité originale d’être un vrai labyrinthe vertical, composé de couloirs, de traverses, de coursives, de locaux méconnus et de quelques studios de télévision. Tant et si bien qu’un grand nombre d’invités, prévu pour participer à des émissions en direct, s’est souvent perdu dans ces couloirs. Parfois, au détour d’une coursive, j’ai découvert un service que personne ne savait qu’il existait.

 

Au rez-de-chaussée, il y avait, une fois dépassé le hall d’entrée et l’espace ascenseurs, menant à différents étages, un couloir qui amenait à l’un des plus grands studios. On y enregistrait des émissions telles que temps X ou les après-midis de Dorothée and Co. Avant de pénétrer dans le studio, il y avait un mini espace avec un large banc pour faire patienter les différents invités, avant de les introduire dans le studio pour participer à l’émission.

 

 

Ce jour-là, je travaillais sur une émission animalière et dans l’espace «attente» patientait un dresseur, tenant en une solide laisse métallique un sympathique chimpanzé. Tout était calme, le dresseur et le singe aussi. Je les ai laissés sur place, pour me rendre à l’intérieur du studio. Les animateurs palabraient avec deux autres invités, leur thème de leur discussion était les perroquets. L’entrevue allait se terminer et je me devais d’amener le dresseur et son ami simiesque. Et là, le drame commença !

 

Distrait par un technicien qui lui faisait la conversation, le dresseur n’a pas vu arriver un jeune enfant de huit ans, accompagné de sa mère. Le singe, pris de folie, s’élança sur le gamin avec une telle force que le dompteur ne put le retenir. Dans une ambiance de panique, agrémentée de cris d’horreur et d’effroi, l’animal, rendu fou par la présence du garçon, lui mordit la joue. L’enfant saigna abondamment, cria de douleur, la mère de peur, le dresseur de panique. Avec l’aide du technicien, le dompteur put tirer à lui le singe pour l’écarter de l’enfant. De mon côté, j’étais pétrifié. Le pompier de service avait averti le SAMU et se précipitait sur le gamin pour tenter de lui apporter les premiers soins. Cet incident, d’une violence inouïe, fit sortir les animateurs de l’émission du studio. Ils virent arriver des ambulanciers s’emparer du corps du gamin dans une civière, suivis par une mère en pleurs. Le dresseur n’arrêtait pas de se confondre en excuses. Il savait que son macaque n’aimait pas les enfants et le tenait en laisse justement pour cela, mais tout s’était passé trop vite. Un garçonnet en avait été la victime.

 

Quelques jours plus tard, au nom de l’émission, je me suis rendu à l’hôpital où séjournait l’enfant. J’apportais une caisse de jouets et de peluches, j’y retrouvais, à ma grande surprise, le dresseur qui avait eu la même idée. L’enfant était heureux et on a ri avec lui et ses parents.

 

singe en couleurs peinture.jpg


 



24/11/2021
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